L’interopérabilité joue un rôle central dans le partage et la valorisation des données de santé. La capacité des systèmes de se connecter et d’échanger des informations sur les patients est en effet la garantie de soins efficients et de qualité. Sans cela, les cliniciens peuvent passer un temps considérable à accéder aux données nécessaires à la prise en charge optimale et sécuritaire de leurs patients.
Au Canada, l’interopérabilité est reconnue comme prioritaire dans le réseau de la santé. Toutefois, les obstacles à la fluidité des données sont encore nombreux, non seulement pour les cliniciens et les gestionnaires mais aussi pour les patients eux-mêmes. Afin d’effectuer un diagnostic de l’état actuel de l’interopérabilité dans le système de santé des provinces et territoires du pays, Inforoute Santé du Canada a fait paraître une étude fort instructive en octobre 2022 dont nous vous proposons de découvrir certains des résultats les plus marquants.
Un accès aux données difficile pour les professionnels de la santé
Les 818 cliniciens sondés dans le cadre de l’étude reconnaissent en grande majorité l’importance clé de l’interopérabilité pour avoir accès à des informations pertinentes sur leurs patients dans les meilleurs délais. Toutefois, ils savent que cet objectif est encore loin d’être conquis.
En effet, les systèmes d’information des établissements sont non seulement nombreux mais aussi pluriels, de sorte que les données des patients demeurent souvent cloisonnées et difficiles d’accès. Voyez par vous-même un extrait du sommaire de l’enquête :
Des bénéfices reconnus mais un manque d’imputabilité
Tant les cliniciens que les autres experts consultés dans le cadre de l’enquête d’Inforoute reconnaissent les bénéfices d’une meilleure interopérabilité dans le réseau de la santé : augmentation de la sécurité des soins par l’obtention de données plus complètes et de qualité, meilleure productivité du fait de la réduction des tâches administratives redondantes, meilleure expérience patients par l’accès facile à leurs données, etc.
Toutefois, en dépit de ces constats communs, les différents acteurs ne s’entendent pas lorsqu’il s’agit de définir à qui incombe la difficile tâche de normaliser les systèmes d’information et de favoriser l’échange et le partage de données structurées et de qualité. Voyez ainsi le schéma ci-dessous qui s’avère si éclairant (bien qu’inquiétant…) :
Que faire finalement pour améliorer l’interopérabilité ?
Favoriser l’interopérabilité n’est pas une tâche facile ni même exécutable par la seule imposition de standards et de normes techniques pour connecter les données et les systèmes d’information. Il s’agit en effet d’une stratégie d’ampleur nationale qui nécessite des ressources considérables, la réunion d’expertises plurielles et la mise en oeuvre d’un centre opérationnel pour s’assurer que les nouveaux standards et normes viennent pénétrer les pratiques des organisations publiques comme privées, et de l’ensemble des acteurs.
À ce titre, deux pays nous semblent inspirants en vertu de leur effort porté sur la priorisation de l’interopérabilité en santé :
- Les Etats-Unis à travers leur Office of the National Coordinator for Health Information Technology (ONC) qui a notamment fait du blocage d’information de santé une action illégale et a imposé l’adoption de standards strictes aux développeurs de technologie ;
- La France qui a notamment mis en place un Centre de Gestion des Terminologies de Santé pour favoriser l’adoption de nomenclatures et standards de données et accélérer l’échange d’information entre professionnels.
