En France, lorsque je faisais des études secondaires en mathématiques, mon professeur répétait incessamment cette citation de Napoléon Bonaparte : « Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours ». Nous devions alors nous exercer à la difficile représentation graphique de fonctions et de variables. Les croquis étaient nombreux, et je dirais qu’en grande partie, ils étaient loin d’être bons !
Mais, tout de même, pourquoi les images nous marquent-elles bien plus que les mots ? Et en quoi représenter des nombres par des figures, des formes et des couleurs peut-il nous aider à mieux les comprendre et se les approprier ?
Pour explorer toutes ces questions, embarquez avec moi dans le monde de la visualisation des données pour découvrir comme elle peut se mettre au service de la démocratisation du débat autour des données.
Une image vaut 1000 mots
Les journalistes et les politiques le savent bien – les images viennent générer des émotions fortes et peuvent être rapidement et largement partagées. Pensons par exemple aux graphiques de la COVID-19. C’est ainsi que les gouvernements à travers le monde diffusaient des informations sur la pandémie et montraient à la population les résultats des mesures sanitaires.
Car oui, une image frappe bien plus qu’un ensemble de mots. Et on la retient aussi plus facilement.
Un proverbe chinois dit même : « J’entends et j’oublie ; je vois et je me souviens ». Dans un article paru en janvier 2020 dans la Harvard Business Review, Carmine Gallo, auteur et conférencier, écrivait : « Les expérimentations sur la mémoire et la communication montrent que les informations présentées sous forme d’images ont plus de chances d’être retenues que les informations présentées uniquement sous forme de mots ».
Les scientifiques attribuent cette caractéristique à la notion de supériorité picturale. Les études centrées sur les avantages de la transmission d’informations visuelles et auditives démontrent d’ailleurs que « les humains peuvent avoir des difficultés à retenir les stimuli auditifs par rapport aux stimuli visuels ». Un groupe de scientifiques a même rapporté que la capacité des gens à se souvenir d’une information s’améliorait lorsqu’elle était combinée à une présentation audiovisuelle au lieu d’être uniquement visuelle.
Dès lors, représenter des chiffres et des statistiques sous forme visuelle augmente considérablement les chances qu’ils soient comprises par la population.
Représenter les données publiques
La visualisation permet également de rendre transparentes et accessibles des données et informations qui sont de l’intérêt public. C’est bien pour cela que les portails de données ouvertes des villes et des pays contiennent souvent des représentations graphiques pour venir informer la population et capturer son attention concernant l’état de la cité.
C’est ce que nous montrent les tableaux de bord et les cartes dynamiques de la ville de Los Angeles qui permettent aux habitants de prendre connaissance d’un ensemble d’informations critiques pour participer au débat public et co-construire les politiques de la ville.
Voyez ci-dessous un extrait du tableau de bord de Los Angeles associé à la santé. Il en existe aussi concernant l’éducation, les transports, la sécurité, et bien d’autres domaines de l’action publique municipale. Ils sont tous associés à des cartes représentant chacun des quartiers de la ville.
Animer une délibération citoyenne sur les données
La représentation visuelle est aussi un outil précieux pour soutenir l’organisation de discussions et de consultations sur toutes sortes de thématiques. Prenons l’exemple des débats sur les données de santé et leur utilisation. Au Health Data Hub, la plateforme de données de santé de France, des ateliers sont organisés pour réunir des citoyens et leur permettre d’émettre des recommandations concernant les usages de la données, les bénéfices à produire et les types de cadres et de protection à mettre en place.
Lors de la dernière conférence citoyenne sur les données de santé organisée par la plateforme en avril 2023, une très belle représentation graphique a été produite en vue d’illustrer les idées des participants concernant les méthodes pour sensibiliser la société au partage des données de santé.
Ça y est ? Vous êtes convaincu de la puissance des outils de visualisation pour venir démocratiser le dialogue et les actions autour des données ?
