Lorsque l’on parle de « science ouverte », on songe tout naturellement au partage des produits de la science telles que les publications scientifiques. C’est en effet une dimension importante de l’ouverture de la science car aujourd’hui, l’accès à 70% des publications scientifiques est payant. Ce nombre a d’ailleurs chuté à 30% durant l’épidémie de COVID-19, preuve que l’on peut et doit ouvrir la science au service de la coopération internationale et du bien commun.
Mais, en fait, la science ouverte, c’est bien plus que la diffusion des publications scientifiques. Cela inclut bien sûr la mise à disposition des codes, logiciels et autres données de recherche, mais aussi un ensemble de méthodes qui permettent d’engager différents publics dans la production et la diffusion des résultats scientifiques.
Au cours des dernières années, plusieurs organismes ont produit des cadres et principes directeurs en matière de science ouverte qui tentent de couvrir toutes les étapes de la recherche et d’embrasser une vision holistique de la l’ouverture de la science. Découvrons plusieurs d’entre eux aux niveaux international, national et organisationnel.
Cadre international de la science ouverte de l'UNESCO
En septembre 2021, les 193 pays participants à la conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont adopté un cadre international sur la science ouverte. Il vise à rendre la science plus accessible et transparente, mais aussi plus équitable et juste, en s’appuyant notamment sur la coopération internationale.
À travers ce cadre commun, les Etats membres s’engagent à donner la priorité aux sept domaines suivants dans leurs actions en faveur de la science ouverte :
- la promotion d’une compréhension commune de la science ouverte et des avantages et des défis qui y sont associés, ainsi que des approches variées de la science ouverte ;
- le développement d’un environnement politique favorable à la science ouverte ;
- l’investissement dans les infrastructures et les services qui contribuent à la science ouverte ;
- l’investissement dans la formation, l’éducation, la culture numérique et le renforcement des capacités, afin de permettre aux chercheurs et aux autres parties prenantes de participer à la science ouverte ;
- la promotion d’une culture de la science ouverte et l’harmonisation des incitations à la science ouverte ;
- la promotion d’approches innovantes de la science ouverte à différentes étapes du processus scientifique ;
- la promotion de la coopération internationale et multipartite dans le contexte de la science ouverte en vue de réduire les écarts numériques, technologiques et de savoir.
Feuille de route du Canada pour la science ouverte
En février 2020, le Bureau de la conseillère scientifique en chef du Canada, Mona Nemer, a rendu publique la Feuille de route du gouvernement fédérale canadien pour la science ouverte. S’inscrivant dans une démarche de gouvernement ouvert et de libre accès aux connaissances scientifiques, la Feuille de route énonce des étapes clés pour rendre la science accessible à tous, tout en respectant la vie privée, la sécurité, les normes éthiques et la protection de la propriété intellectuelle.
Voici ci-dessous les 5 principes directeurs qui introduisent la Feuille de route canadienne :
- Personnes : La science ouverte est un engagement partagé entre tous les intervenants. La communauté scientifique fait partie intégrante de la science ouverte et doit véritablement participer à chaque étape du processus, notamment à sa conception, à sa mise en œuvre et à l’évaluation de son efficacité et de son impact.
- Transparence : Les résultats de la recherche scientifique sont « ouverts par conception et par défaut »; ils sont faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables (principes FAIR). La non-divulgation des résultats de la recherche scientifique exige une raison valable conforme à un cadre (à élaborer) justifiant le fait que l’information scientifique sera gardée privée ou confidentielle.
- Inclusivité : Pour aboutir à une science ouverte, des approches diverses et inclusives sont utilisées, reflétant l’étendue des conceptions des communautés scientifiques et des systèmes de connaissances.
- Collaboration : La science ouverte permet la collaboration entre les communautés scientifiques aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement, au Canada et dans le monde.
- Durabilité : La pratique de la science ouverte exige une approche durable avec des mesures concrètes et l’engagement nécessaire pour réaliser la vision à long terme.
Principes de science ouverte du Centre de recherche Douglas de Montréal
Pour achever cette publication, nous souhaitions vous présenter les principes de science ouverte élaborés par le centre de recherche en santé mentale Douglas, affilié à l’Université McGill. Ces principes, co-construits avec la communauté de recherche, sont très riches et prennent en compte à la fois la nécessité d’ouvrir la science et le besoin de considérer les attentes des chercheurs en matière d’accompagnement et de prise en compte de leur autonomie et de leur contribution intellectuelle et scientifique.
Voici les cinq principes de la science ouverte du Centre Douglas qui sont aussi déclinés sur son site Internet :
- Principe 1 : Diffuser publiquement les résultats de recherche selon les principes FAIR
- Principe 2 : Faciliter l’utilisation des résultats de recherche partagés pour un impact sur l’éducation, la santé et la société
- Principe 3 : Prioriser le bien-être et la vie privée des participants de recherche et des utilisateurs de services
- Principe 4 : Respecter l’autonomie des chercheurs tout en reconnaissant les activités de science ouverte
- Principe 5 : Minimiser l’utilisation restrictive de la protection de la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche