Les postes de directrices et de directeurs de la gouvernance des données foisonnent sur les plateformes de recrutement telles que LinkedIn. Tantôt l’on parle de postes en « Gestion des données », tantôt en « Sciences et Analyse des données » ou encore en « Valorisation des données ». Les intitulés changent mais les compétences exigées semblent semblables. La perte rare est recherchée pour venir piloter la stratégie de gestion des données de nos institutions publiques comme privées.
Dans cette publication, nous ne souhaitons pas vous fournir les compétences clés d’un ou d’une Chief Data Officer, comme de nombreux journaux l’ont déjà fait, surtout en anglais ! Non, ici, nous irons à contre-courant des écrits publiés pour venir vous donner quelques conseils afin de balayer des idées préconçues au moment de sélectionner la personne qui viendra coordonner votre équipe de gestion et de mobilisation des données.
Pas forcément un analyste des données
Si vous recherchez un ou une Chief Data Officer (CDO), c’est bien un poste de gestionnaire et non d’analyste que vous souhaitez remplir. Et donc, ne portez pas une attention prédominante aux compétences et expertises en analyse des données de vos candidats. Bien sûr, une connaissance basique des méthodes d’analyse des données est un atout, de même que l’appréhension des principaux défis de la structuration et de la valorisation des données.
Toutefois, ce serait un tort de donner un poids considérable à l’expérience analytique et TI de vos candidats, car rappelez-vous que votre CDO devra avant tout être un ou une excellente gestionnaire de talents et impulser un esprit de collaboration et d’entraide dans vos équipes. La formation en sciences humaines et sociales de vos candidats devrait donc peser dans vos considérations de sélection !
Les femmes aussi compétentes que les hommes
Une enquête datant de 2021 en Europe montre que les Chiefs Data Officers recrutés dans les organisations sont en majorité des hommes (à 75 %). Ce chiffre reflète un écart de genre considérable qui se retrouve à travers l’ensemble des secteurs TI des organisations.
Conclusion : lorsque vous allez faire passer des entretiens à vos candidats, naturellement, vous vous retrouverez devant davantage d’hommes que de femmes. Et presque aussi naturellement, nous penserez que ces candidats masculins ont davantage de compétences et d’habiletés que les femmes. Il s’agit d’un biais inconscients qui nous affectent tous, car nous manquons de modèles pour incarner des CDO féminins.
Et donc, donnez la place aux femmes et à la diversité plus généralement dans le recrutement de votre équipe en gestion des données. Dans le domaine de la santé, qui est davantage féminisé au niveau des directions, les postes en gouvernance des données seront plus facilement occupés par des femmes. C’est ce que nous inspire par exemple l’arrivée de Mme Élodie Portales-Casamar au poste de Directrice de la Gouvernance des données du Centre hospitalier Ste-Justine à Montréal. Dans les autres domaines que la santé, les femmes doivent aussi occuper ce type de poste et ont toutes les compétences pour. Donnez-leur leur chance !
Une traductrice des milieux et des expertises
Dans les années 2010, le poste de data translator faisait fureur sur les réseaux sociaux et les blogs en TI. Ce traducteur ou traductrice des données se définit comme une personne capable de naviguer entre les secteurs et les compétences en gestion et analyse des données de manière à traduire les connaissances, approches et projets entre les équipes TI, les ingénieurs et les équipes de gestion. Ce data translator devrait aussi être en mesure de rendre les données analytiques compréhensibles et utilisables par les décideurs de l’organisation, en vue de faire de la valorisation des données une activité optimale et intégrée à l’ensemble des volets stratégiques et opérationnels.
Aujourd’hui, le titre de « traductrice ou traducteur des données » s’est un peu perdu dans les limbes du web. Et pourtant, il renvoie à des compétences clés pour votre future Chief Data Officer. En effet, bien plus qu’être une spécialiste d’un domaine de compétence en gestion et valorisation des données, votre CDO devrait avoir la capacité clé de mettre en action écoute, dialogue et collaboration pour opérer une traduction des savoirs et des expertises d’un domaine à un autre. Votre CDO, qui plus est, devrait être en mesure de faire communiquer et travailler ensemble des analystes des données et des gestionnaires, des experts de la valorisation des savoirs et de la communication, des conseillers TI et des conseillers RH, etc. Une véritable traductrice des langages et des compétences en soi !
Une gestionnaire en formation continue
Le domaine de la gestion et de la valorisation des données exige une formation continue. Disons que nous sommes bien placés pour l’affirmer ! Et donc, avant même d’exiger des années d’expérience et une expertise avancée, demandez à vos candidats comment ils et elles envisagent de se former et de venir renforcer leurs compétences et connaissances au quotidien.
Au final, la curiosité, l’humilité et l’ouverture aux autres et à la nouveauté devraient être des compétences à valoriser au moment de vos entrevues, aussi bien que les capacités techniques de vos candidats. Car souvenez-vous que les meilleurs gestionnaires sont ceux qui ont la volonté, la capacité et le goût de donner du pouvoir aux autres (Bill Gates). Ceci est particulièrement important pour un CDO qui devra accepter de gérer des personnes souvent bien plus compétentes que lui ou elle !