Le gouvernement du Québec vient de confier au Conseil de l’innovation du Québec (CIQ) le mandat de coordonner une réflexion collective dans le but de mieux définir les enjeux soulevés par l’intelligence artificielle (IA) pour assurer son développement et son utilisation éthiques et responsables.
Le CIQ propose ainsi de coordonner des groupes de réflexion, constitués d’experts de milieux divers, afin de bâtir un cadre visant à mieux règlementer le développement et les utilisations de l’IA dans tous les domaines.
Le Conseil suggère aussi de piloter l’organisation de forums publics réunissant des intervenants du domaine de l’IA et des représentants de la société civile afin de se prononcer sur les principaux enjeux soulevés sur l’IA. Ceux-ci pourront également fournir des recommandations permettant de guider les autorités gouvernementale et les politiques publiques. Ces recommandations devraient ainsi être rendues publiques à l’automne 2023.
Une telle annonce intervient quelques semaines après la parution d’une lettre ouverte signée par plus de 1800 personnes dont le professeur Yoshua Bengio et réclamant une pause immédiate des développements de l’IA générative et généraliste (dont Chat GPT est un exemple symptomatique). Ceci permettrait ainsi aux autorités gouvernementales de disposer du temps nécessaire pour bien apprécier les enjeux soulevés par cette nouvelle technologie et de prévoir des dispositions adaptées afin de mieux les réglementer.
Cet appel à une pause et les dernières annonces gouvernementales au Québec sont bien les signe de l’urgence d’une concertation publique et citoyenne autour de l’IA, de ses usages et de ses impacts dans la société.
Mais en fera-t-on suffisamment au Québec pour garantir que l’IA devienne véritablement citoyenne ?
Les conditions pour bâtir une IA citoyenne à travers les consultations et délibérations à venir au Québec
• Prendre en compte l’ensemble des principes de la Déclaration de Montréal pour l’IA responsable de 2018 qui met notamment l’accent sur l’importance d’une IA transparente, construite démocratiquement et vérifiable par l’humain qui demeure imputable de ses impacts.
• S’appuyer sur les apprentissages des consultations et délibérations passées et en cours au Québec et dans le monde, en suivant les guides de pratiques exemplaires pour la délibération citoyenne sur l’IA tels que celui de l’OBVIA, ALgora Lab et du CIFAR.
• Mettre en place des groupes de consultation et de délibération diversifiés et représentatifs qui sont composés à parts égales d’experts et de membres de la société civile et du public.
• Laisser le temps à la concertation pour ne pas accélérer le temps de la consultation, de la discussion et de l’élaboration des recommandations à l’intention des décideurs publics et des acteurs et actrices de l’IA.
• Organiser une consultation dynamique et hybride faisant usage de différents outils et supports tels que le sondage, la consultation en ligne et l’organisation d’ateliers citoyens en présentiel.
• Rendre compte des résultats des consultations organisées à travers des rapports qui ne requièrent pas un niveau d’expertise avancée pour leur compréhension. À ce titre, des méthodes et outils de communication variés doivent être employés pour partager ces résultats sous formes écrite, imagée et animée (vidéos).
• S’assurer que les recommandations produites lors des consultations et discussions sont bien intégrées dans les prises de décisions en produisant des incitatifs adaptés et en rendant compte des résultats des actions prises par les acteurs et actrices publics comme privés en matière d’IA responsable.